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LIMITES DE LA SÉLECTION NATURELLE

nie et pour un but spécial, tout comme l’homme guide celle de beaucoup de formes animales et végétales. Les seules lois d’évolution n’auraient peut-être jamais produit une graine aussi bien appropriée à l’usage de l’homme que le maïs ou le froment, des fruits tels que celui de l’arbre à pain et la banane sans graines, des animaux comme la vache laitière de Guernsey ou le cheval de camion de Londres. Cependant, ces divers êtres ressemblent énormément aux productions de la nature laissée à elle-même, nous pouvons donc bien nous imaginer qu’une personne, connaissant à fond les lois du développement des formes organiques dans le passé, refusât de croire que dans ces cas-ci une force nouvelle soit entrée en jeu, et rejetât dédaigneusement la théorie d’après laquelle une intelligence directrice aurait contrôlé dans un but personnel, l’action des lois de variation, de multiplication et de survivance ; de même ma théorie sera peut-être rejetée par des personnes, d’ailleurs d’accord avec moi sur d’autres points. Nous savons, cependant, que cette action directrice s’est exercée, et nous devons par conséquent admettre comme possible que, si nous ne sommes pas les plus hautes intelligences de l’univers, un esprit supérieur a pu diriger le travail de développement de la race humaine, par le moyen d’agents plus subtils que ceux que nous connaissons. Je dois d’ailleurs reconnaître que cette théorie a le désavantage de requérir l’intervention d’une intelligence individuelle distincte, concourant à la production de l’homme intellectuel, moral, indéfiniment perfectible, que nous ne pouvons nous