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APPLIQUÉE À L’HOMME.

La peau douce, nue, et sensible de l’homme, entièrement libre du vêtement de poils commun à tous les mammifères, ne peut pas non plus s’expliquer par la sélection naturelle. Les habitudes des sauvages nous montrent qu’ils ressentent le besoin de ce vêtement, qui chez l’homme manque complètement surtout dans les parties du corps qui chez les animaux en sont le mieux pourvues. Nous n’avons aucune raison de croire qu’il ait pu être nuisible ni même inutile à l’homme primitif, et, dans ces circonstances, sa suppression absolue, si absolue qu’il ne reparaît même pas dans les races mêlées, nous démontre que l’action d’une force autre que la loi de la survivance des plus aptes, a dû entrer en jeu pour faire sortir l’homme d’un type animal inférieur. Nous trouvons encore des difficultés du même genre, quoique moins importantes, dans quelques autres détails. Ainsi la perfection du pied et de la main semble superflue pour l’homme sauvage, chez lequel cependant les extrémités sont aussi complètement et aussi humainement développées que chez les races supérieures. La structure du larynx, qui donne à l’homme la parole articulée et la faculté d’émettre des sons musicaux, et surtout son développement extrême chez les femmes, sont, nous l’avons vu, supérieurs aux besoins des sauvages, et à leurs habitudes connues, et il est impossible que cette faculté ait été acquise par sélection sexuelle, ou par la survivance des plus aptes.

L’âme de l’homme nous fournit des arguments du même genre, et presque aussi concluants que ceux que nous tirons de sa structure corporelle. Un grand nombre