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APPLIQUÉE À L’HOMME.

ait été préparé en vue du progrès futur de l’homme, puisqu’il renferme des facultés latentes qui sont inutiles à l’individu dans sa condition primitive. Les détails délicats d’organisation qui donnent au larynx sa merveilleuse puissance, n’ont donc pas pu être le résultat de la sélection naturelle.


L’origine de certaines facultés intellectuelles ne peut s’expliquer par la conservation des variations utiles.


Passant maintenant à l’étude de l’âme humaine, nous éprouvons de grandes difficultés à expliquer la formation des facultés spéciales qui la caractérisent par l’accumulation de variations utiles. Les notions de justice abstraite et de bienveillance par exemple, ne semblent pas avoir pu s’acquérir par ce moyen, puisqu’elles sont incompatibles avec la loi du plus fort, base essentielle de la sélection naturelle. Ici, toutefois l’impossibilité n’est qu’apparente, car nous devons considérer, non les individus, mais les sociétés, et il est clair que la justice et la bienveillance, exercées dans le sein d’une tribu, doivent la fortifier et lui donner la supériorité sur celles chez lesquelles le droit du plus fort prédominant, la majorité faible et maladive est abandonnée ou même impitoyablement détruite par les quelques individus forts.

Mais il existe une autre catégorie de facultés qui ne se rattachent pas à nos rapports sociaux, et qu’on ne peut par conséquent expliquer de la même manière.