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LIMITES DE LA SÉLECTION NATURELLE


L’homme saurage souffre de l’absence de poils.


Voyons maintenant s’il existe des preuves, ou s’il y a quelque raison de croire qu’un dos velu fût nuisible, soit au sauvage, soit à la forme animale inférieure de l’homme à un degré quelconque de sa transformation ; car, si les poils étaient simplement inutiles, comment pourraient-ils avoir disparu si complètement et ne pas se représenter fréquemment dans les races mêlées ? C’est chez le sauvage que nous trouverons quelques éclaircissements. L’une des habitudes les plus communes aux sauvages c’est de porter un vêtement sur le dos et les épaules, même s’ils n’en ont sur aucune autre partie du corps. Les premiers explorateurs observèrent avec surprise que les Tasmaniens des deux sexes, portaient sur leurs épaules la peau de kanguroo, leur unique vêtement ; ils n’étaient donc pas guidés par un sentiment de pudeur, mais cherchaient simplement à préserver leur dos du froid et de la pluie. Le costume national des Maories se composait aussi d’un manteau jeté sur les épaules. Les Patagons en ont un aussi, et les indigènes de la Terre de Feu portent souvent un petit morceau de peau lacé sur leur dos, et qu’ils changent de place selon la direction du vent. Les Hottentots se couvraient le dos d’une peau assez semblable, qu’ils n’enlevaient jamais et dans laquelle ils se faisaient même enterrer. Sous les tropiques même, les sauvages ont le plus grand soin de tenir leur dos à l’abri de l’humidité. Les natifs de Timor emploient la