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APPLIQUÉE À L’HOMME.

tion a quelque fondement, comparons le cerveau de l’homme à celui des animaux. L’orang-outang mâle et adulte est tout aussi gros qu’un homme de petite taille, tandis que le gorille est considérablement au-dessus de la moyenne des hommes, au moins comme corpulence et comme poids. Cependant, le cerveau de l’orang ne mesure que 28 pouces cubes, et celui du gorille 30, le plus grand spécimen connu va jusqu’à 34 1/2. Nous avons vu que si l’on se base sur les moyennes, la capacité crânienne des races sauvages les plus voisines de la brute, n’est probablement pas moins des 5/6 de celle des races civilisées les plus élevées, tandis que celle des singes anthropoïdes n’atteint que le tiers tout au plus de celle de l’homme ; ces proportions seront peut-être rendues plus claires si l’on dit que : la capacité crânienne de l’Européen étant 32, celle du sauvage sera 26 et celle du singe 10. Mais ces chiffres nous donnent-ils une idée approximative de l’intelligence relative de ces trois groupes ? Le sauvage est-il réellement aussi voisin du savant et aussi éloigné du singe que ceci le donnerait à penser ? Il ne nous faut pas oublier, d’ailleurs, que les têtes des sauvages sont de dimensions très-variées, presque autant que celles des hommes civilisés. Ainsi, tandis que le plus grand crâne germanique de la collection du Dr Davis mesure 112,4 pouces cubes, un crâne Araucanien mesure 115,5, un Esquimau 113,1, un indigène des Marquises 110,6, un Nègre 105,8, et même un Australien 104,5. Il n’est donc pas absurde de comparer le sauvage, soit avec l’Européen le plus parfait, soit avec le