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LIMITES DE LA SÉLECTION NATURELLE

loppement de la branche ascendante de la mâchoire inférieure, l’étendue et la rugosité des surfaces d’attache des muscles, surtout des masticateurs, et le développement extraordinaire de l’arête du fémur, indiquent une immense force musculaire, et des mœurs sauvages et brutales.

Ces faits pourraient presque nous faire douter que la dimension du cerveau soit en elle-même un indice de force intellectuelle, si nous n’en avions pas la preuve la plus claire dans ce fait, que tout Européen mâle et adulte, dont le crâne ne mesure pas dix-neuf pouces de circonférence, et dont le cerveau n’atteint pas soixante-cinq pouces cubes, est invariablement idiot. Si nous ajoutons à ceci cet autre fait non moins certain, que les grands hommes, ceux qui combinent la finesse des perceptions avec la puissance de réflexion, la vigueur des passions, et l’énergie du caractère, comme Napoléon, Cuvier ou O’Connell, ont tous la tête plus grosse que la moyenne, nous devons tenir pour évident le fait que le volume du cerveau est l’une des mesures de l’intelligence, et peut-être la principale.

Dans ce cas, nous ne pouvons pas n’être pas frappés de l’anomalie apparente que présentent beaucoup de sauvages très-inférieurs, dont le cerveau est aussi considérable que celui de la moyenne des Européens, et cela fait naître en nous l’idée d’un excédant de force, d’un instrument trop parfait pour les besoins de son possesseur.

Comparaison du cerveau de l’homme avec celui des singes anthropoïdes. — Afin de découvrir si cette no-