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PAR LA SÉLECTION NATURELLE.

gène ; il existe toujours une tendance à varier : le climat, la nourriture, les habitudes produisent et rendent permanentes des particularités physiques ; et celles-ci, bien que faibles dans les périodes limitées soumises à notre observation, doivent, pendant la longue durée de l’existence de l’homme, avoir suffi pour produire toutes les différences que nous voyons aujourd’hui. D’ailleurs, ajoute-t-on, les partisans de la théorie opposée ne sont pas d’accord entre eux ; les uns reconnaissent trois espèces d’hommes ; d’autres en admettent cinq ; d’autres encore cinquante ou cent cinquante ; les uns pensent que chaque espèce fut créée par couples, tandis que d’autres veulent que les nations aient apparu d’un seul coup ; il n’y a donc de stabilité et de conséquence dans aucune théorie, sauf celle d’une seule souche primitive.

D’autre part, les défenseurs de l’opinion contraire ont beaucoup d’arguments en leur faveur. Nous n’avons aucune preuve, disent-ils, que la race humaine ait subi des changements importants, les seules modifications dont nous soyons certains, sont insignifiantes ; au contraire, la permanence de la race est attestée par des faits nombreux. Les Portugais et les Espagnols, établis depuis deux ou trois siècles dans l’Amérique du Sud, conservent leurs principaux caractères physiques, intellectuels et moraux ; les Boers hollandais au Cap, et, aux Moluques, les descendants des anciens colons hollandais, n’ont point perdu les traits et la couleur des races germaniques ; les Juifs, dispersés dans toutes les régions de la terre, ont encore partout le même type