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CRÉATION PAR LOI.

tion. Il ne s’agit pas, en effet, de savoir si un changement indéfini ou illimité est possible dans une ou dans toute direction, mais bien si les différences que l’on observe dans la nature peuvent avoir été produites par des variations accumulées par sélection. En ce qui concerne la vitesse les animaux terrestres sauvages ne dépassent pas un certain point ; tous les plus rapides, le daim, l’antilope, le lièvre, le renard, le lion, le léopard, le cheval, le zèbre et beaucoup d’autres, ont atteint presque le même degré, et rien n’indique qu’ils fassent aucun progrès dans ce sens, quoique depuis des siècles chacune de ces espèces ait dû voir se conserver les individus les plus rapides, et périr les plus lents ; ils sont depuis longtemps arrivés au maximum de vitesse compatible avec les conditions actuelles, et peut-être avec toutes les conditions terrestres imaginables. Mais, dans les espèces qui étaient restées beaucoup plus en arrière de leurs limites que le cheval, nous avons réussi à obtenir un progrès plus marqué, et à modifier leur forme d’une manière plus sensible. Le chien sauvage est un animal qui chasse beaucoup en société, et compte plus sur sa vigueur que sur sa vitesse : l’homme a produit le lévrier, qui diffère beaucoup plus du loup ou du dingo que le cheval de course du cheval arabe sauvage ; en outre, les chiens domestiques présentent plus de variations de grandeur et de forme que la famille entière des Canidés à l’état de nature. Aucun loup, aucun renard, aucun chien sauvage, n’est aussi petit que nos plus petits terriers ou épagneuls, ni aussi grand que les plus grandes variétés du lévrier ou du terre-neuve, et certaine-