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CRÉATION PAR LOI.


De l’objection basée sur les limites de la variabilité.


Je crois avoir impartialement répondu aux principales objections du duc d’Argyll, et je vais prendre en considération une ou deux de celles qui sont présentées dans un travail sérieux et raisonné, sur l’origine des espèces, inséré dans la North-British Review en juillet 1867. L’auteur cherche d’abord à prouver que la variation est renfermée dans des limites strictes. Lorsque nous commençons à exercer la sélection dans un certain but, la marche de la modification est comparativement rapide, mais lorsqu’elle a atteint un degré considérable, elle se ralentit de plus en plus, et finit par atteindre ses limites, qu’aucun soin dans l’éducation et la sélection ne peut lui faire dépasser. On cite comme exemple le cheval de course ; il est admis que, étant donné pour commencer un certain nombre de chevaux ordinaires, une sélection attentive produirait en quelques années une grande amélioration, et que dans un temps relativement court on pourrait atteindre le type de nos meilleurs coureurs ; mais ce type lui-même n’a pas été perfectionné depuis bien des années, malgré les trésors d’argent et de travail qu’on y a consacrés. On voit dans ce fait la preuve que la variation, dans une direction quelconque, a ses bornes définies, et que nous n’avons aucune raison de croire qu’il n’en fût pas de même pour la sélection naturelle, malgré le temps illimité dont elle dispose. Mais l’auteur ne s’aperçoit pas que cet argument ne répond pas à la véritable ques-