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CRÉATION PAR LOI.

ou le chasseur d’esclaves, ont été créées au moyen de variétés qui se présentaient quand on en avait besoin ; or ces variétés n’ont jamais fait défaut, il s’ensuivrait donc, que l’Être tout-puissant et tout sage aurait donné sa sanction à des choses que les esprits humains les plus élevés considèrent comme mesquines, triviales, ou dégradantes.

Ainsi me parait complètement réfutée la théorie d’après laquelle toute variation assez caractérisée pour qu’on puisse l’augmenter dans une direction donnée, résulte d’une action directe de l’Esprit créateur, théorie que, du reste, son inutilité absolue suffirait à condamner. La facilité avec laquelle l’homme obtient des races nouvelles, dépend principalement du nombre des individus entre lesquels il peut choisir ; lorsque des centaines d’horticulteurs ou d’éleveurs poursuivent tous le même but, le travail de modification s’effectue rapidement ; or, une race commune à l’état de nature, renferme mille fois ou un million de fois plus d’individus qu’une race domestique, et la survivance des plus aptes doit infailliblement préserver tous ceux qui varient dans la bonne direction, que ce soit dans les caractères les plus apparents ou dans de petits détails, dans des organes externes ou internes ; par conséquent, si les matériaux suffisent à la sélection effectuée par l’homme, ils ne sauraient manquer pour accomplir la grande tâche de maintenir en nombre suffisant des organismes modifiés, parfaitement adaptés aux conditions toujours variables du monde inorganique.