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CRÉATION PAR LOI.

niums du Cap, sont tout aussi accommodants, et varient précisément où, quand, et comment nous le voulons.

Les animaux nous offrent des exemples également frappants. Si nous désirons une qualité spéciale dans une espèce, nous n’avons qu’à en élever un nombre suffisant d’individus en les surveillant attentivement, et nous sommes certains d’y rencontrer la variation voulue qui est susceptible de presque tout le développement qu’on pourra désirer. Dans le mouton, nous obtenons la viande, la graisse et la laine ; dans la vache, le lait ; dans le cheval, la grandeur, la couleur, la force et la vitesse ; dans la volaille, nous avons produit presque toutes les variétés de couleur, de curieuses modifications dans le plumage, et la capacité de pondre en toute saison. Le pigeon nous offre une preuve encore plus remarquable de l’universalité de la variation, car le caprice des éleveurs s’est tour à tour porté sur chacune des parties de cet oiseau, et la variation requise ne leur a jamais manqué. La grandeur et la forme du bec et des pattes ont subi des modifications qui, chez l’oiseau sauvage, caractérisent des genres distincts ; on a augmenté le nombre des plumes de la queue, caractère qui est en général très-permanent et d’une grande importance pour la classification des oiseaux ; on a aussi changé à un degré merveilleux, la taille, la couleur et les mœurs de l’animal. Chez le chien, le degré de modification et la facilité avec laquelle elle s’effectue, sont presque aussi apparents. Quelles variations constantes, et cela dans des directions opposées, n’a-t-il pas fallu pour tirer d’une souche commune le