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CRÉATION PAR LOI.

vent se produire dans le monde. » (Reign of law. p. 230.)

Dans ce passage, comme dans beaucoup d’autres, le duc d’Argyll émet la théorie de la « création par naissance, » il affirme que, pour faire naître chaque forme nouvelle de parents différents d’elle, il a fallu une intervention spéciale du Créateur, dans le but d’imprimer au développement une direction définie ; chaque nouvelle espèce serait donc en fait une création spéciale, quoique son existence ait commencé selon les lois ordinaires de la reproduction. Il affirme ainsi que les lois de la multiplication et de la variation ne peuvent fournir à l’action de la sélection naturelle les matériaux nécessaires au moment nécessaire. Je crois, pour ma part, que l’on peut prouver le contraire logiquement en le déduisant des six lois évidentes énoncées plus haut, mais j’aime mieux faire la preuve au moyen des faits très-nombreux qui établissent que les lois de la multiplication et de la variation suffisent à ce résultat.

L’expérience de tous les cultivateurs et de tous les éleveurs montre que si l’on examine un nombre suffisant d’individus, on est sûr d’y rencontrer toutes les variations cherchées. De là la possibilité d’obtenir des races et des variétés fixes d’animaux et de plantes, et il se trouve qu’une variation quelconque peut être accumulée par sélection, sans que cela affecte matériellement les autres caractères de l’espèce. Chaque génération parait ne varier que dans la direction voulue ; par exemple, dans les navets, les radis, les pommes de terre et les carottes, les racines ou tubercules varient de