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CRÉATION PAR LOI.

choppement aussi bien que la combinaison. Elles ne peuvent concevoir l’Univers comme un système assez parfait pour développer nécessairement toutes les formes du beau ; un objet spécialement beau leur parait dépasser les forces de l’univers, et lui avoir été ajouté par le Créateur pour son plaisir particulier.

Parlant des colibris, le duc d’Argyll dit : « En premier lieu il faut observer pour le groupe entier de ces animaux, que l’on ne peut prouver ni concevoir aucune connexion entre leur beauté admirable et une fonction quelconque essentielle à leur vie. Si une pareille relation existait, leur éclatante beauté appartiendrait aux deux sexes, tandis qu’elle est presque toujours limitée au mâle ; la femelle, avec ses couleurs plus sombres, n’est certainement pas plus mal partagée dans la lutte pour l’existence. » — Puis, après avoir décrit les divers ornements de ces oiseaux, il ajoute : « La beauté et la variété de la forme, prises en elles-mêmes, sont le seul principe ou la seule règle qui paraisse avoir guidé le Créateur lorsqu’il forma ces « oiseaux si merveilleusement beaux… La couleur de topaze de l’aigrette ne vaut pas mieux dans la lutte pour l’existence que ne vaudrait celle du saphir ; une fraise qui se termine en paillettes d’émeraudes, ne vaut pas mieux que si elle se terminait en paillettes de rubis ; une queue ne sera ni plus ni moins utile au vol, qu’elle soit ornée de plumes blanches sur les bords ou dans le milieu… La beauté et la variété sont des choses que nous recherchons pour elles-mêmes, quand nous pouvons em-