Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/310

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
290
CRÉATION PAR LOI.

configuration, formé les collines et les vallées, creusé le lit des rivières et nivelé les plaines. Mais, que notre observateur continue pendant longtemps ses études, qu’il suive de près les petits changements qu’amène chaque année, et se les représente mille fois, dix mille fois augmentés, qu’il visite les différentes régions de la terre, qu’il regarde les évolutions qui s’accomplissent partout, et les preuves incontestables de changements plus grands dans le passé ; alors il comprendra que la surface de la terre, quelque belle et harmonieuse qu’elle lui paraisse, est, dans chacun de ses détails, l’œuvre de forces qui, ainsi qu’on peut le prouver, se contrôlent et se règlent mutuellement.

Bien plus, étendant encore ses recherches, il s’apercevra que tous les inconvénients qu’il pourrait attendre d’un défaut d’harmonie, se présentent en effet quelque part dans la nature, mais qu’ils ne sont pas toujours réellement fâcheux. Regardant par exemple une vallée fertile, il dirait peut-être : « Si le lit de cette rivière n’était pas bien combiné, si, sur une longueur de quelques milles, sa pente prenait une mauvaise direction, l’eau ne pourrait s’échapper, et elle ferait une vaste solitude de cette vallée aujourd’hui remplie d’êtres humains. » Il y a, en effet, des centaines de cas semblables, tous les lacs sont des vallées « dévastées par les eaux », et beaucoup d’entre eux, la mer Morte par exemple, sont un mal positif et font tache dans l’harmonie qui règne sur toute la surface de la terre.

« Si, dirait encore notre observateur, la pluie ne