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THÉORIE DES NIDS D’OISEAUX.

séquent très-apparentes, tandis que l’espèce alliée du Trépang, ou bêche de mer (Hololhuria edulis) qui n’est pas munie d’arme défensive, est d’une couleur terne, analogue au sable et à la boue du fond de la mer sur lequel elle repose. Beaucoup des petits animaux marins sont presque invisibles à cause de leur transparence, tandis que ceux dont les couleurs sont vives sont souvent pourvus d’une protection spéciale, soit de tentacules venimeux, comme la physalie, soit d’une cuirasse calcaire, comme les étoiles de mer.


Dans certains groupes les femelles possèdent la protection spéciale qui leur est plus nécessaire qu’aux mâles.


Dans la lutte pour l’existence, la facilité de se cacher est l’un des moyens de conservation les plus efficaces, et cette protection s’acquiert par les modifications de couleur plus facilement que par tout autre moyen, puisque ce caractère est sujet à des variations nombreuses et rapides. L’exemple que je viens de traiter est tout à fait analogue à celui des papillons. En règle générale, le papillon femelle est de couleurs ternes et peu visibles, alors même que le mâle est le plus brillamment paré, mais, quand l’espèce est protégée de ses ennemis par une odeur désagréable, comme c’est le cas des Danaïdes, des Héliconides et des Acréides, les deux sexes étalent les mêmes vives nuances. Parmi les espèces qui cherchent une protection dans l’imitation de ces formes privilégiées, on remarque que chez les Leptalides, insectes faibles et d’un vol