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THÉORIE DES NIDS D’OISEAUX.

être une exception, mais qui n’en est réellement pas une, et qui mérite d’être mentionné. Chez le Jaseur ordinaire (Bombycilla garrula), les sexes sont presque identiques, et les extrémités rouges des ailes, dont la forme est très-élégante, sont à peu près, sinon tout à fait, aussi apparentes chez la femelle que chez le mâle. Il construit cependant un nid ouvert, et au simple aspect de l’oiseau, on serait porté à croire, d’après ma théorie, qu’il doit bâtir un nid fermé. Mais sa couleur le protège, en fait, d’une manière aussi efficace que possible. Il ne se reproduit que dans des latitudes élevées, et son nid, placé dans des sapins, est principalement formé de lichens ; or les nuances délicates de gris cendré et violacé de la tête et du dos de cet oiseau, le jaune des ailes et de la queue, s’harmonisent admirablement avec les teintes des diverses espèces de ces plantes, tandis que les pointes rouges représentent la fructification d’un lichen commun le Cladonia coccifera. La femelle, dans son nid, n’offre par conséquent aucune couleur distincte de celles qui l’environnent, et ces teintes mêmes sont réparties dans les mêmes proportions sur son corps et sur les alentours ; l’oiseau est donc, à quelque distance, impossible à distinguer de son nid, ou d’un amas naturel des plantes dont celui-ci est fait.

Je crois avoir exposé toutes les exceptions de quelque importance à la loi qui fait dépendre la coloration sexuelle du mode de nidification. On voit qu’elles sont peu nombreuses, comparativement aux exemples qui appuient la loi générale, et, dans plusieurs cas, quelques circonstances dans les mœurs ou la structure de