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THÉORIE DES NIDS D’OISEAUX.

apparente que le mâle, il est certain que c’est à celui-ci qu’incombe la charge de l’incubation, on a tout au moins de fortes raisons de le supposer. L’exemple le plus concluant est celui du Phalarope gris (Phalaropus fulicarius), dont les deux sexes sont identiques en hiver, tandis qu’en été c’est la femelle et non pas le mâle, qui revêt le brillant plumage des noces, mais le mâle couve les œufs, déposés sur la terre nue. La femelle du pluvier (Eudromias morinellus) est plus grande et plus vivement colorée que le mâle, et, dans ce cas-ci encore, il est presque certain que c’est le mâle qui couve. Il en est de même chez les Turnices de l’Inde, et M. Jerdon dans ses « Oiseaux des Indes » affirme, d’après les récits des indigènes, qu’après la ponte, les femelles abandonnent leurs œufs et se réunissent en troupes, pendant que les mâles sont occupés à couver. Nous ne connaissons pas exactement les mœurs des autres espèces dont la femelle est plus belle que le mâle. L’exemple des autruches et des émus pourra donner lieu à une objection, c’est le mâle qui couve, et il n’est cependant pas moins apparent que la femelle ; mais cette exception s’explique par deux motifs : d’abord ces oiseaux sont trop grands pour éviter le danger en se cachant, de plus ils ont la force de se défendre contre les ennemis qui attaqueraient les œufs, et peuvent échapper par la fuite à ceux qui les attaqueraient eux-mêmes.

Nous trouvons donc une dépendance réciproque entre une grande quantité de faits relatifs à la coloration sexuelle et au mode de nidification des oiseaux,