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THÉORIE DES NIDS D’OISEAUX.


La couleur est plus variable que la structure et les mœurs, et a été par conséquent plus généralement modifiée.


J’ai essayé de prouver, en commençant cet essai, que les différences caractéristiques et les traits essentiels des nids d’oiseaux dépendent de la structure de l’espèce et de leurs conditions d’existence passées et présentes. Ces facteurs sont tous deux plus importants et plus fixes que la couleur, et nous en concluons que, dans la plupart des cas, le mode de nidification, dépendant de la structure et du milieu, a été la cause et non l’effet, des différences sexuelles pour ce qui est de la couleur.

Quand un groupe d’oiseaux avait l’habitude constante de nicher dans le creux d’un arbre, comme les toucans, ou dans un trou dans la terre comme les martins-pêcheurs, la protection obtenue par la femelle pendant l’époque importante et périlleuse de l’incubation égalisait les chances d’attaque pour les deux sexes, et permettait à la sélection sexuelle ou à toute autre cause d’agir librement et de développer de brillantes couleurs chez la femelle comme chez le mâle. Quand, au contraire, comme chez les tangaras et les gobe-mouches, un groupe avait l’habitude de faire des nids ouverts, en forme de tasse, dans des situations plus ou moins exposées, le développement de la couleur chez la femelle était continuellement entravé par le danger qu’il lui faisait courir, tandis que chez le mâle les teintes les plus riches se produisaient sans obstacle.