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THÉORIE DES NIDS D’OISEAUX.

colorées que le mâle, tandis que celles du cotinga, du pipra, du langara, des oiseaux de paradis, et de notre merle commun, sont de couleurs si ternes et si peu apparentes qu’on peut à peine les reconnaître comme appartenant à la même espèce que le mâle.


Loi qui relie les couleurs des oiseaux femelles et leur mode de nidification.


Cette anomalie peut s’expliquer par l’influence du mode de nidification, car j’ai reconnu, comme une règle souffrant peu d’exceptions, que, lorsque les deux sexes portent les mêmes couleurs éclatantes et très-apparentes, le nid est de la première classe, soit formé de manière à cacher la couveuse, tandis que, s’il y a contraste, c’est-à-dire si le mâle est de couleurs brillantes et la femelle de couleurs ternes, le nid est ouvert et la couveuse exposée à la vue. Je commencerai par énumérer les faits qui soutiennent cette assertion, et j’expliquerai ensuite de quelle manière je suppose que cette relation s’est établie. Nous examinerons en premier lieu le groupe dans lequel la femelle porte des couleurs apparentes, et ressemble presque toujours exactement au mâle.

1. Martins-pêcheurs (Alcedinidæ). — Chez quelques-unes des plus belles espèces, la femelle et le mâle sont identiques ; chez d’autres, il existe une différence sexuelle, mais qui tend rarement à rendre la femelle moins apparente. Quelquefois la femelle porte sur la poitrine une raie qui manque chez le mâle, c’est le cas