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PHILOSOPHIE DES NIDS D’OISEAUX.

Comparer l’ouvrage des oiseaux avec les manifestations les plus élevées de la science et de l’art humain, c’est rester tout à fait à côté de la question. Je ne prétends pas que l’oiseau soit doué d’une faculté de raisonnement qui en variété ou en étendue soit le moins du monde comparable à celle de l’homme. Je dis simplement que le mode de construction des nids nous offre des phénomènes qui, si on les compare impartialement avec ceux que présente la grande masse des hommes dans la construction des maisons, n’indiquent aucune différence essentielle dans la nature ou l’espèce des facultés employées. Si l’instinct signifie quelque chose, ce ne peut être que la capacité d’accomplir un acte complexe sans enseignement ni expérience. Il implique des idées innées bien définies, et, s’il était prouvé, il renverserait le sensationnalisme de M. Mill et toutes les idées de la philosophie moderne sur l’expérience.

Que l’existence de l’instinct puisse être établie dans d’autres cas, cela n’est pas impossible ; mais dans l’exemple particulier des nids d’oiseaux, qui est généralement considéré comme un de ses principaux appuis, je ne puis rien trouver absolument qui prouve l’existence de quelque chose d’autre que ces facultés rudimentaires de raisonnement et d’imitation qui sont universellement attribuées aux animaux.