Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
PHILOSOPHIE DES NIDS D’OISEAUX.

constata que tous ceux qui provenaient des rues neuves avaient la forme modifiée ; mais en examinant les églises et d’autres bâtiments anciens, ainsi que des rochers habités par ces oiseaux, il trouva beaucoup de nids du type ancien, mélangés avec quelques-uns du nouveau modèle. Il étudia alors les dessins et les descriptions des anciens naturalistes, et il n’y trouva absolument que la forme primitive. Voici, suivant lui, en quoi consiste la différence. L’ancienne forme est une portion de sphère, elle est égale au quart d’un hémisphère quand le nid est situé dans l’angle supérieur d’une fenêtre ; l’ouverture est circulaire et très-petite, tout juste suffisante pour laisser passer l’oiseau. Le nid moderne est, au contraire, plus large que haut, sa forme étant celle d’un segment de sphéroïde aplati ; l’ouverture est très-large et basse, et placée tout près de la surface horizontale à laquelle le nid tient par sa partie supérieure.

M. Pouchet pense que la forme nouvelle est indubitablement un perfectionnement de l’ancienne. Le fond élargi doit laisser aux petits plus de liberté de mouvements qu’ils n’en avaient dans l’ancien nid étroit et profond ; de plus, l’agrandissement de l’ouverture leur permet de regarder au dehors et de prendre l’air ; elle est même assez large pour leur servir en quelque sorte de balcon, et l’on y voit parfois deux petits qui peuvent s’y tenir sans gêner le passage des parents. En même temps, placée si près du sommet, elle a moins d’inconvénients aux points de vue de la pluie, du froid et des ennemis, que le petit trou rond de l’ancien nid. Voilà donc, dans la construction des nids, un progrès aussi évident qu’au-