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DE LA LOI QUI A RÉGI L’INTRODUCTION

cette question, en montrant que l’état actuel de la terre et des êtres organisés qui l’habitent, n’est que le dernier état par lequel passe le monde à la suite d’une longue et continuelle série de changements qu’il a subis, en sorte que toute tentative d’expliquer sa condition présente sans avoir égard à ces évolutions (ce qui a eu lieu fréquemment), doit conduire à des conclusions très-imparfaites et même erronées.

La géologie prouve en résumé les faits suivants :

Pendant une période dont la durée n’est pas connue, mais doit avoir été immense, la surface du globe a subi des changements successifs : des terres se sont abaissées au-dessous du niveau de l’Océan, d’autres en ont émergé ; des chaînes de montagnes ont surgi ; des îles sont devenues des continents, tandis que d’autres continents étaient submergés en partie, jusqu’à former des îles ; et ces révolutions ont eu lieu, non pas une fois, mais peut-être cent, peut-être mille fois ; — ces phénomènes ont été plus ou moins continus, mais leur marche a été inégale, et, pendant toute leur durée, la vie organique sur la surface de la terre a subi des modifications correspondantes ; modifications graduelles, mais complètes, c’est-à-dire qu’à la fin d’une période, il ne restait plus une seule des espèces qui avaient vécu au commencement. — Ce renouvellement complet des formes de la vie parait aussi avoir eu lieu plusieurs fois. Depuis la dernière époque géologique jusqu’à l’époque actuelle ou historique, le changement des formes organiques a été graduel ; on peut, pour beaucoup d’espèces aujourd’hui vivantes, déterminer le mo-