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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

Drusilla sont des papillons de nuances pâles, plus ou moins ornés de taches ocellées ; très-nombreux en individus, d’un vol très-lent et très-faible. Ils ne cherchent pas à se cacher et n’ont aucune protection apparente contre les insectivores. Il est donc probable qu’ils ont quelque moyen de défense secret, car on constate aisément que, quand d’autres insectes par suite d’une variation quelconque arrivent à leur ressembler, ils partagent jusqu’à un certain point leur immunité. Une forme dimorphique curieuse du Papilio Ormenus est parvenue à ressembler assez aux Drusilla pour se confondre avec eux à quelque distance, et j’ai pris l’un de ces Papilio dans les îles Aru, voltigeant près de terre et se posant de temps en temps, comme le font les Drusilla. Dans ce cas-ci la ressemblance n’est que générale, mais cette forme de Papilio varie beaucoup, et offre ainsi de riches matériaux à l’action de la sélection naturelle ; celle-ci pourra arriver, avec le temps, à produire une copie aussi parfaite que dans les cas cités plus haut.

Les Papilio de l’Orient alliés aux Polydorus, aux Coön et aux Philoxenus peuvent être réunis dans une division naturelle du genre et considérés comme représentant dans leurs contrées le groupe Aeneas de l’Amérique du Sud, auxquels ils ressemblent sous beaucoup de rapports. Comme eux, ils vivent dans les forêts, volent très-bas et lentement, ils sont très-abondants dans leurs localités favorites, et sont aussi l’objet de la mimique. Nous en concluons qu’ils possèdent quelque protection cachée, et que d’autres insectes