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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

vol, ou, ce qui me parait plus probable, facilitent les changements subits de direction qui servent à dérouter un ennemi ; la sélection naturelle ne doit pas tendre à donner cet accroissement de la force du vol aux membres du groupe Polydorus, auquel appartient l’exception unique que nous avons signalée, puisqu’ils sont protégés d’une autre manière. La tribu entière des Danaïdes se trouve dans le même cas ; bien que d’un vol faible, elle offre un grand nombre d’espèces riches en individus, et imitées par d’autres papillons. Les Satyrides trouvent peut-être un moyen de protection dans leurs couleurs presque toujours sombres, et dans le fait qu’ils se tiennent d’ordinaire près de terre ; les Lycénides et les Hespérides dans leur petitesse et leurs mouvements rapides. Dans la grande division des Nymphalides, nous trouvons toutefois que, chez plusieurs des plus grandes espèces relativement faibles (Cethosia, Limenitis, Junonia, Cynthia), la forme des ailes a été modifiée, tandis que les vigoureuses espèces dont le corps est plus gros, et le vol excessivement rapide, ont conservé à Célèbes celle qu’on rencontre dans les autres îles. Nous pouvons dire, d’une manière générale, que les espèces modifiées sont celles de grande taille, de couleurs apparentes, et dont le vol est lent, tandis que les groupes plus petits et de teintes obscures, aussi bien que ceux dont le vol est extrêmement rapide ou qui sont les objets de la mimique, n’ont subi aucun changement.

Il semblerait donc qu’il doit y avoir ou qu’il a existé, dans l’île de Célèbes, quelque ennemi spécial s’atta-