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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

n’est-elle pas en faveur de l’identité des causes qui ont produit des résultats semblables ? Et lorsque nos adversaires ne nous présentent que des assertions dont ils nous laissent la charge de démontrer la fausseté, n’avons-nous pas le droit de réclamer d’eux quelques preuves à l’appui de leur théorie, et quelques explications des difficultés qu’elle présente ?

Nous devons maintenant rechercher s’il nous est possible de tirer des phénomènes curieux dont nous venons de parler quelque conclusion qui nous permettent d’en comprendre la cause. M. Bates a prouvé que certains groupes de papillons possèdent un moyen de défense contre les animaux insectivores, indépendamment de la rapidité de leurs mouvements. Ce sont en général des espèces abondantes, dont le vol est lent et faible et qui sont plus ou moins imitées par d’autres groupes, ceux-ci trouvant dans cette ressemblance une protection efficace. Or les seuls Papilio de Célèbes dont les ailes n’aient pas acquis la forme spéciale dont nous avons parlé, appartiennent à un groupe imité par d’autres espèces de Papilio et par le genre Epicopeia[1] ; le vol de ce groupe est faible et lent, nous pouvons en conclure avec une apparence de raison qu’il possède quelque moyen défensif, probablement un goût ou une odeur désagréable, qui le met à l’abri de toute attaque. En revanche, les côtes arquées et la forme falquée des ailes, accroissent, selon l’opinion générale, la puissance du

  1. Voir page 87.