Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

même des groupes entiers des Danaïdes, des Satyrides, des Lycænides et des Hespérides.

Variation locale de la couleur. — Dans les îles d’Amboine et de Ceram, la femelle de l’Ornithoptera Helena porte sur les ailes postérieures une large tache, toujours d’un jaune pâle et terne, ou de couleur fauve, tandis que dans les variétés presque semblables des îles adjacentes de Bouru et de la Nouvelle-Guinée, cette tache est d’un jaune d’or, dont l’éclat ne le cède guère à la couleur du mâle. La femelle de l’Ornithoptera Priamus, qui habite exclusivement Amboine et Ceram, est d’un brun pâle et grisâtre, tandis que chez toutes les espèces alliées, la femelle est presque noire, tachetée de blanc. De même la couleur bleue de la femelle du Papilio Ulysses est obscurcie par des nuances ternes et grisâtres tandis que dans des espèces voisines des îles environnantes, les femelles sont d’un bleu d’azur, presque aussi brillant que celui des mâles. Il existe un cas analogue, dans les petites îles de Goram, Matabello, Ké et Aru, dans lesquelles plusieurs espèces distinctes d’Euplœa et de Diadema portent de larges raies ou des taches blanches qui n’existent dans aucune espèce alliée des grandes îles. Ces faits semblent indiquer des modifications de couleur dues à quelque influence locale, influence aussi mystérieuse et presque aussi remarquable que celle qui a produit les modifications de forme dont nous avons parlé.