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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

tence de deux formes du mâle dans sept espèces des genres Xenocerus et Mecocerus, appartenant à la famille des Anthribida (Proceedings of the Entomological Society, Londres, 1862), et il y a en Europe jusqu’à six coléoptères d’eau du genre Dytiscus dont les femelles ont deux formes, la plus commune ayant les élytres profondément sillonnées, tandis que, chez la plus rare, elles sont lisses comme chez le mâle. Beaucoup d’Hyménoptères, entre autres les fourmis, présentent trois ou quatre formes et quelquefois davantage ; c’est là un phénomène semblable au précédent, bien que chacune de ces formes remplisse une fonction distincte dans l’économie de l’espèce.

Parmi les animaux supérieurs j’ai déjà cité comme faits analogues l’albinisme et le mélanisme, et je connais parmi les oiseaux un exemple du même phénomène, l’Eos fuscata, qui évidemment existe sous deux formes de couleurs différentes, car j’ai trouvé les deux sexes de chacune dans la même troupe, et on n’a encore rencontré aucun spécimen intermédiaire.

Une grande différence entre les deux sexes est un phénomène si commun qu’il a excité peu d’attention jusqu’au jour où M. Darwin montra que, dans beaucoup de cas, il peut s’expliquer par la sélection sexuelle. Par exemple, dans la plupart des espèces polygames, les mâles combattent pour la possession des femelles, et les vainqueurs transmettent aux mâles de la génération qu’ils produisent, leur propre supériorité de taille, de force ou d’armes offensives. C’est par là que s’explique l’existence de l’ergot chez les gallinacés mâles, ainsi