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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

sont à l’autre ; mais il ne faut pas supposer que cela ne dépende que du climat ; il est très-probable que l’influence principale est exercée par la présence d’ennemis ou de formes concurrentes. Il est très-désirable qu’un observateur aussi compétent que M. Walsh tâche de reconnaître quelles sont les causes adverses qui ont le plus pour effet de restreindre le nombre de chacune de ces formes opposées.

Cette sorte de dimorphisme, lorsqu’elle se présente dans le règne animal, ne parait pas avoir d’influence directe sur la faculté de reproduction comme M. Darwin a montré que c’est le cas chez les plantes. Il ne semble d’ailleurs pas très-répandu. Je n’en connais qu’un seul autre cas dans une autre tribu de mes Lépidoptères d’Orient, celle des Piérides, et il y en a peu dans les Lépidoptères d’autres pays. Quelques espèces européennes présentent des différences très-remarquables entre la génération du printemps et celle de l’automne ; c’est là un phénomène analogue, bien qu’il ne soit pas identique. L’Araschnia prorsa, de l’Europe centrale, est un exemple frappant de ce dimorphisme alternant suivant les saisons. On m’apprend qu’il existe beaucoup de cas semblables parmi nos Lépidoptères nocturnes ; il en est plusieurs dont l’histoire naturelle est bien connue, grâce aux recherches de quelques savants qui en ont élevé et étudié plusieurs générations successives, il faut donc espérer que l’un de nos entomologistes anglais nous donnera un exposé complet de tous les phénomènes anormaux que présentent ces insectes. Parmi les Coléoptères, M. Pascoe a démontré l’exis-