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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

parler ; il se trouve en Amérique, et nous avons heureusement des renseignements précis à son sujet. Le P. Turnus est commun dans presque toute la région tempérée de l’Amérique du Nord, et la femelle ressemble beaucoup au mâle ; un insecte complètement différent soit dans la forme, soit dans la couleur, le P. Glaucus, habile les mêmes contrées. Jusqu’au jour où Boisduval publia son «  Species général », on ne supposait pas qu’il existât aucune connexion entre les deux espèces ; mais il est maintenant bien certain que le P. Glaucus n’est qu’une seconde forme de la femelle du P. Turnus. Dans les Proceedings of the Entomological society in Philadelphia (janvier 1863), M. Walsh a fait un rapport très-intéressant sur la distribution de cette espèce. Il dit que dans les États de la Nouvelle-Angleterre et dans celui de New-York, toutes les femelles sont jaunes, tandis que dans l’Illinois et plus au sud, toutes sont noires ; dans la région intermédiaire, les deux formes se rencontrent, dans les proportions variables. Le 37e degré de latitude est approximativement la limite sud de la forme jaune, et le 42e, la limite nord de la forme noire. Ce qui rend la preuve plus complète encore, c’est que des œufs de la même ponte ont donné naissance à des insectes noirs et à des insectes jaunes. M. Walsh dit aussi, que sur des milliers de spécimens, il n’a jamais vu, ni entendu mentionner de variété intermédiaire entre ces deux formes. Cet exemple intéressant nous fait voir que l’abondance relative de chaque forme dépend beaucoup de la latitude. Ici, les conditions sont favorables à l’une, là elles le