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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

et la Nouvelle-Guinée, et qui, dans chacune de ces régions, présente entre les individus plus de différences qu’il n’en faut souvent pour distinguer des espèces parfaitement marquées. Je citerai encore, comme presque aussi frappantes, la plupart des espèces d’Ornithoptères, chez lesquelles les variations vont parfois jusqu’à affecter la forme de l’aile et l’arrangement des nervures.

Ces espèces variables sont alliées de près à d’autres qui, bien que peu différentes, sont permanentes et limitées à des régions peu étendues. L’examen de nombreux spécimens pris dans leurs pays d’origine montre bien que les individus de l’une des catégories seulement sont variables, tandis que les autres ne le sont pas ; il est clair alors que, si l’on faisait de toutes ces formes, des variétés d’une même espèce, on négligerait un fait important dans la nature, et que, pour lui donner tout le relief qu’il doit avoir, il faut classer comme espèce distincte la forme locale invariable, bien que celle-ci ne présente pas de caractères plus marqués que ceux de la forme extrême chez l’espèce variable. Comme exemples de ce genre-là je citerai l’Ornithoptera Priamus, qui est limité aux îles de Céram et d’Amboine, et qui est très-permanent dans les deux sexes, tandis que l’espèce alliée, qui habite la Nouvelle-Guinée et les îles des Papous, est excessivement variable ; dans l’île de Célèbes se trouve une espèce alliée du P. Severus, mais qui, contrairement à celui-ci, offre tous les caractères de la permanence, en sorte que je l’ai classée comme espèce distincte, sous le nom de Papilio Pertinax.

Polymorphisme ou Dimorphisme. — Par ce terme je