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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

presque tous fréquentent les lieux exposés au soleil, et ils ne présentent pas une seule espèce crépusculaire. En revanche, le groupe nombreux des Nymphaliens (dans lequel M. Bates comprend comme sous-familles, les Danaïdes et les Héliconides) contient une sous-famille entière, les Brassolides, et un grand nombre de genres (Thaumantis, Zeuridia, Pavonia, etc.) dont les mœurs sont crépusculaires ; enfin une proportion considérable de Satyrides et plusieurs des Danaïdes se tiennent de préférence à l’ombre.

Le problème de la supériorité d’un type dans un groupe d’organismes donné, et la détermination de l’espèce qui occupe la première place, sont des questions d’un si grand intérêt, que nous ferons bien de les considérer plus à fond, en comparant les Lépidoptères avec quelques groupes d’animaux supérieurs.

M. Trimen avance un argument qui me paraît peu solide. Il dit que le type lépidoptère, comme le type oiseau, est éminemment aérien, et que, par conséquent, une diminution des organes ambulatoires, loin d’être un signe d’infériorité, indique peut-être une forme supérieure parce qu’elle est plus exclusivement aérienne. Ce raisonnement placerait au premier rang des oiseaux les plus aériens d’entre eux, les martinets et la frégate, par exemple, et cela parce que leurs pattes sont impropres à la marche. Mais aucun ornithologue ne les a classés de la sorte, et trois groupes d’oiseaux seulement se disputent la prééminence. Ce sont : 1° les faucons, à cause de leur perfection générale, de la rapidité de leur vol, de leur vue perçante, de leurs pattes armées de puissantes