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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

d’avortement, ce qui les éloigne, plus qu’aucune autre tribu, des Hespérides et des Hétérocères, qui tous ont les pattes parfaites. Reste à savoir si une différence même très-grande qui se manifeste uniquement par l’imperfection ou l’avortement de certains organes, peut justifier, dans le groupe qu’elle caractérise, des prétentions à une place élevée dans l’échelle des organismes ; c’est encore moins admissible, quand un autre groupe, dont les organes correspondants sont parfaits, présente des modifications particulières, et possède en outre un organe absolument absent dans le reste de l’ordre.

Or tel est précisément le cas pour les Papillonides ; les insectes parfaits possèdent deux caractères qui leur sont spéciaux. M. Edward Doubleday, dans son « Genera of diurnal Lepidoptera », nous dit que « les Papillonides peuvent toujours être distingués par leur nervure médiane, qui parait divisée en quatre branches, et par l’éperon que présentent les tibias des pattes antérieures ; ces deux caractères ne se retrouvent dans aucune autre famille. » La disposition en quatre branches de la nervure médiane est si constante, si particulière, et si bien marquée, qu’on peut du premier coup d’œil déterminer si un papillon appartient ou non à cette famille, et je ne sache pas qu’aucun autre groupe de papillons, comparable à celui-ci soit par sa richesse spécifique, soit par les modifications de ses formes, possède dans la disposition des nervures un caractère qui offre le même degré de certitude. L’éperon sur les tibias antérieurs se retrouve chez quelques Hespérides ; on croit y voir une affinité directe entre ces deux groupes, mais je ne pense