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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

d’animaux. Ce fait, une fois saisi, nous permettra de comprendre l’un des phénomènes les plus frappants de la nature, savoir, l’uniformité de couleur qui règne parmi les végétaux, comparée à la curieuse diversité qui, au contraire, caractérise le règne animal. On se demande pour quelle raison les arbres et les arbustes ne sont pas ornés de teintes aussi variées et de dessins aussi remarquables que les oiseaux et les papillons ; les fleurs nous montrent bien que les tissus végétaux ne sont pas incapables d’offrir des couleurs vives, mais les fleurs ne nous offrent point ces dessins merveilleux que nous admirons chez beaucoup d’insectes, ces arrangements compliqués de raies, de points et de taches, ces lignes où les effets d’ombre contribuent même à l’harmonie des teintes.

Selon l’opinion de M. Darwin, les belles couleurs des fleurs sont dues en grande partie à ce qu’elles attirent les insectes dont l’intervention est souvent nécessaire à la fécondation, tandis que dans le règne animal elles résultent de la sélection sexuelle. Nous admettons pleinement la justesse de cette théorie ; mais, en même temps, il ressort évidemment des faits et des arguments qui ont précédé, que la variété des couleurs et des signes distinctifs parmi les animaux est beaucoup due à ce que, pour un grand nombre, il est d’une importance suprême qu’ils soient cachés : c’est ainsi que les diverses teintes des minéraux et des végétaux ont été directement reproduites dans le règne animal, et ont subi des modifications successives, au fur et à mesure qu’une protection spéciale devenait nécessaire. Deux causes distinctes ont