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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

but. Dans ce dernier cas l’ennemi n’attaque pas la feuille ou l’écorce, ainsi le déguisement est une sauvegarde ; il est aussi une sauvegarde dans l’autre cas : pour diverses raisons, l’ennemi néglige et laisse en sécurité l’animal imité, et celui qui l’imite profite de cette particularité.

Le déguisement est de même nature dans les deux cas ; ce qui le prouve, c’est que nous rencontrons parfois, dans un même groupe, deux espèces, dont l’une ressemble à une substance végétale, et l’autre, à un animal d’un autre groupe ; ce dernier, étant très-abondant, d’ailleurs très-visible et ne cherchant point à se cacher, doit posséder quelque protection secrète contre les attaques de ses ennemis ; celle-ci est souvent facile à constater, c’est par exemple un goût rebutant ou bien une dureté qui le rend indigeste. Si l’on pousse l’examen plus loin, on découvre que, dans beaucoup de cas, c’est la femelle seule qui possède ce déguisement ; d’ailleurs il est clair qu’elle a beaucoup plus besoin de protection que le mâle, et que sa conservation pendant une période plus longue est absolument nécessaire au maintien de la race ; nous avons ici par conséquent une nouvelle preuve que la ressemblance sert dans tous les cas à ce grand but, la conservation de l’espèce.

En cherchant à expliquer ces phénomènes comme résultant de la variation par sélection naturelle, nous partons du fait que des variétés blanches se rencontrent fréquemment et que, une fois protégées contre leurs ennemis, elle se montrent capables d’exister et de se reproduire. Nous savons en outre qu’il existe des variétés de