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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

vants, tous plus ou moins insectivores : le rouge-gorge, le bruant jaune, le bruant des roseaux, le bouvreuil, le pinson, le bec croisé, le merle-grive, le pipit des arbres, le tarin d’Europe, le sizerin boréal. M. Weir observa que ces oiseaux rejetaient toujours les chenilles velues ; ils négligeaient absolument cinq espèces distinctes, et les laissaient ramper impunément durant plusieurs jours dans la volière. Ils refusaient aussi les chenilles épineuses de la Petite Tortue et du Paon de jour ; mais, dans ces deux derniers cas, c’est à cause de leur goût, à ce que pense M. Weir, non à cause des poils ou des épines ; en effet quelques chenilles très-jeunes d’une espèce velue étaient rejetées, bien que les poils ne fussent pas encore développés, et les chrysalides lisses des papillons ci-dessus nommés l’étaient avec la même persistance que les larves épineuses. Ici, par conséquent, les poils et les épines semblent n’être que des signes indiquant que l’animal n’est pas mangeable.

M. Weir fit ensuite des expériences avec ces chenilles lisses et brillantes, qui ne se cachent jamais, mais paraissent plutôt chercher à attirer les regards. Telles sont, par exemple, celle de l’Abraxas grossulariata (tachetée de blanc et de noir), celle de la Diloba cæruleocephala (d’un jaune pâle avec une large bande latérale bleue ou verte), celle de la Cucullia verbasci (d’un blanc verdâtre avec des raies jaunes et des taches noires), et celle de l’Anthrocera filipendulæ (jaune avec des taches noires). Données aux oiseaux à différentes reprises, et parfois mélangées avec d’autres chenilles qui étaient avidement dévorées, elles furent toujours rejetées ; négligées