Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

contraste absolu avec les teintes vertes ou brunes et la vie cachée des autres espèces.

Je fis de cette question le sujet d’une communication à la Société entomologique (voy. Proceedings, 4 mars 1867), dans le but de provoquer les observations que quelques membres pourraient avoir l’occasion de faire pendant l’été suivant ; en outre j’écrivis au journal « The Field », une lettre dans laquelle, expliquant d’ailleurs le grand intérêt et l’importance scientifique du problème, je demandais que quelques-uns des abonnés voulussent bien contribuer à sa solution, en recherchant quels insectes sont rejetés par les oiseaux. Je ne reçus qu’une seule réponse : curieux exemple du peu d’intérêt que les lecteurs de ce journal prennent aux questions d’histoire naturelle ; elle venait d’un propriétaire du Cumberland qui me faisait part de quelques observations intéressantes sur la répulsion et le dégoût qu’inspire à tous les oiseaux la « chenille du groseillier », c’est probablement celle de la phalène du groseillier (Abraxas grossulariata). Ni les jeunes faisans, ni les perdrix ou les canards sauvages ne consentaient à la manger ; les moineaux et les pinsons ne la touchaient jamais, et tous les oiseaux auxquels elle était présentée, la rejetaient avec une horreur évidente. On verra que ces observations sont confirmées par deux des membres de la Société entomologique, à qui nous sommes redevables de renseignements plus détaillés.

En mars 1869, M. Jenner Weir communiqua une série d’observations précieuses faites pendant plusieurs années dans sa volière, qui renfermait les oiseaux sui-