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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

sance de sa progéniture. Il y a donc une grande différence dans le besoin de défense des deux sexes, et nous pourrions avec raison nous attendre à trouver le mâle plus ou moins complètement privé de la protection spéciale accordée à la femelle. Les faits confirment cette supposition. Chez les Phasmides, par exemple, ce sont souvent les femelles seules qui ont avec les feuilles une ressemblance extraordinaire, tandis que les mâles ne nous offrent qu’une grossière approximation. Le Diadema misippus mâle est un très-beau et brillant papillon, sans une trace de coloration imitative ou protectrice, tandis que la femelle est totalement différente, et nous offre un des cas de mimique les plus curieux, en ressemblant exactement au Danaïs chrysippus commun, avec lequel on la trouve souvent associée. Le mâle de plusieurs espèces de Pieris de l’Amérique du Sud est blanc et noir, analogue au « papillon de chou » si commun chez nous, tandis que les femelles sont fauves et jaunes, tachetées de manière à se rapprocher exactement des espèces d’Héliconides avec lesquelles elles s’associent dans les forêts. On trouve dans l’archipel Malais un Diadema qui avait toujours été pris pour un mâle, à cause de ses teintes luisantes d’un bleu métallique, tandis que son compagnon, d’un brun terne, était considéré comme la femelle ; j’ai découvert cependant que le contraire avait lieu, et que les riches couleurs de la femelle sont imitatives et protectrices, parce qu’elles la rendent semblable à l’Euplœa midamus commun dans ces régions, et que j’ai déjà mentionné dans cet essai comme étant imité par le Papilio