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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

de forme et de proportions assez semblables. Il y a sans doute quelques ennemis qui font la guerre aux petits oiseaux, mais redoutent le Tropidorhynchus (probablement quelques espèces d’éperviers) ; et il est par conséquent avantageux au Mimeta de ressembler à cet oiseau vigoureux, bruyant, querelleur, et d’ailleurs très-abondant.

Je dois à mon ami, M. Osbert Salvin, un autre intéressant exemple de mimique chez les oiseaux. On rencontre dans les environs de Rio de Janeiro un épervier insectivore (Harpagus diodon), et dans le même district un épervier carnivore (Accipiter pileatus) qui lui ressemble beaucoup. Tous deux ont la surface inférieure du corps d’une teinte cendrée, avec les cuisses et le dessous des ailes d’un brun rougeâtre, de sorte que vus par-dessous, ils sont impossibles à distinguer. Le point curieux est ceci : l’Accipiter habite une région beaucoup plus étendue que l’Harpagus, et, dans les districts où celui-ci ne se trouve pas, cesse de lui ressembler, le dessous de ses ailes devient blanc ; cela prouve que la couleur rougeâtre se conserve chez l’Accipiter, parce qu’elle lui est avantageuse, le faisant confondre avec l’espèce insectivore, dont les oiseaux ont appris à ne pas se méfier.


Mimique chez les mammifères.


Parmi les mammifères, le seul cas de mimique véritable est celui du genre insectivore Cladobates, qui se