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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

pourtant, sur les plumes de celui-ci, de petites taches grisâtres dans lesquelles on peut voir le commencement d’une imitation qui deviendra exacte par la persistance des variations favorables ; une protubérance considérable, qui se trouve à la base du bec du Tropidorhynchus, manque aussi chez le Mimeta. — Dans l’île de Morty, au nord de Gilolo, on rencontre le Tropidorhynchus fuscicapillus, d’un noir de suie, surtout sur la tête ; la partie inférieure du corps est moins foncée, et la fraise caractéristique manque. Chose curieuse, dans l’île adjacente de Gilolo, on rencontre le Mimeta phæochromus, dont le dos porte la même teinte de suie que le Tropidorhynchus, et c’est le seul individu de son espèce dont la couleur soit aussi foncée ; la surface inférieure n’est pas assez claire pour être identique à celle de l’autre oiseau, mais s’en rapproche sensiblement. Le Mimeta est très-rare ; il existe probablement à Morty, quoiqu’on ne l’y ait pas encore trouvé, ou, au contraire, des changements récents dans la géographie physique ont pu restreindre l’habitat du Tropidorhynchus à cette île, où il est très-commun.

Nous avons donc ici deux exemples parfaits de mimique, et deux plus imparfaits, se présentant entre des espèces des deux mêmes genres d’oiseaux ; dans trois de ces cas, les espèces analogues se trouvent dans la même île, à la faune particulière de laquelle elles appartiennent respectivement. Dans tous ces cas, le Tropidorhynchus est plutôt plus grand que le Mimeta, mais la différence ne dépasse pas la limite de la variation dans l’espèce, et les deux genres sont