Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

maintenant à savoir si un phénomène analogue se présente chez les vertébrés. Si nous considérons toutes les conditions nécessaires pour que l’imitation produise une illusion complète, nous comprendrons de suite que cela ne peut arriver que très-rarement parmi les animaux supérieurs ; car leur structure ne se prête pas à ces modifications presque illimitées des formes extérieures, favorisées par la nature même de l’organisation des insectes. En effet, l’enveloppe extérieure de ceux-ci étant toujours plus ou moins solide et écailleuse, peut supporter un degré considérable de changement sans que les organes internes en soient affectés. Les ailes forment une partie importante du caractère de certains groupes ; or ces organes peuvent être beaucoup modifiés dans la forme et dans la couleur sans inconvénient pour leurs fonctions. De plus, le nombre des espèces d’insectes est si grand, les groupes diffèrent tellement de formes et de proportions, que les chances d’approximation accidentelle dans la taille, la forme ou la couleur des individus, d’un groupe à l’autre, sont très-nombreuses. Ces rapprochements accidentels ayant une fois donné la base de la mimique, celle-ci se continue et se perfectionne par la survivance de ces variétés seulement, qui ont pris la bonne direction. Chez les vertébrés, au contraire, le squelette étant intérieur, la forme extérieure dépend presque entièrement de ses proportions et de son arrangement, qui sont strictement organisés en vue des fonctions nécessaires au bien-être de l’animal. La forme ne peut donc pas se modifier rapidement sous l’influence des variations, et