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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

guillons ; une autre très-grande mouche, du genre Asilus, a les ailes rayées de noir et l’extrémité de l’abdomen de couleur orange, comme la belle abeille Euglossa dimidiata : toutes deux se trouvent dans les mêmes parties de l’Amérique méridionale. Dans nos contrées mêmes, nous avons une espèce de Bombylius très-semblable aux abeilles. Dans tous ces cas, la mimique préserve sans doute des attaques, mais elle remplit quelquefois un but tout différent.

Les larves d’un grand nombre de mouches parasites se nourrissent des larves des abeilles, celles par exemple du genre Volucella (qu’on trouve en Angleterre) et plusieurs des Bombylius des tropiques : la plupart d’entre elles sont exactement pareilles à l’espèce dont elles font leur victime, de sorte qu’elles peuvent entrer inaperçues dans les nids pour y déposer leurs œufs.

Il existe aussi des abeilles qui en imitent d’autres ; l’abeille coucou, du genre Nomada, est le parasite des Andrenides, et ressemble soit à la guêpe, soit à des espèces du genre Andrena ; les Bombus, du genre Apathus, sont presque pareils à ceux chez lesquels ils élisent domicile. M. Bates rapporte qu’il a trouvé un grand nombre de ces abeilles et mouches « coucous » sur l’Amazone, et que toutes portaient la livrée particulière aux abeilles ouvrières de ce pays.

Il y a sous les tropiques un genre de petites araignées qui se nourrissent de fourmis, et elles sont elles-mêmes si semblables à des fourmis, que cela doit leur faciliter beaucoup la poursuite de leur proie. M. Bates a trouvé aussi sur l’Amazone une espèce de Mantis, qui