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commun peut être pris comme exemple. Le curieux petit Cyclopeplus batesii appartient à la même sous-famille de ce groupe que l’Onychocerus scorpio et l’O. concentricus, déjà cités pour leur étonnante ressemblance avec l’écorce des arbres qu’ils habitent ; mais il diffère entièrement de tous ses alliés, ayant pris la forme et la couleur exacte d’un Corynomalus globulaire, petit coléoptère sentant mauvais et portant des antennes en massue : il est curieux de voir cette forme renflée reproduite par un insecte d’un groupe dont les antennes sont longues et grêles. La sous-famille des Anisocera, à laquelle le Cyclopeplus appartient, est caractérisée par un petit nœud ou renflement près du milieu des antennes ; tous les individus le possèdent, mais dans le Cyclopeplus batesii, ce renflement est considérablement augmenté, et la portion terminale des antennes qui le dépasse est si petite et si mince qu’elle est à peine visible, et fournit ainsi une imitation exacte des antennes courtes et en massue du Corynomalus. L’Erythroplatis corallifer, autre coléoptère large et plat, imite si bien le Cephalodonta spinipes, que personne ne le prendrait pour un longicorne ; le Cephalodonta est une des Hispides les plus communes de l’Amérique du Sud, et il est imité, avec une précision également curieuse, par un autre longicorne d’un groupe distinct du premier, le Streptolabis hispioïdes, découvert par M. Bates. C’est là un cas tout à fait comparable à celui dont nous avons parlé plus haut, où deux ou trois espèces de papillons de groupes différents imitaient la même Héliconia.