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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

fonctions d’un groupe, est imité dans un autre dont les mœurs rendent cette addition absolument superflue.


La mimique chez les coléoptères.


Si ces imitations d’un insecte par un autre sont une protection réelle pour des espèces faibles ou dégénérées, on peut raisonnablement s’attendre à en trouver des exemples chez d’autres groupes que les lépidoptères. C’est le cas en effet, quoiqu’ils soient rarement aussi importants et aussi évidents que ceux que nous avons trouvés dans ce dernier ordre. On peut en citer cependant de très-intéressants, chez d’autres ordres d’insectes. Les ressemblances entre des coléoptères faisant partie de groupes distincts, se voient beaucoup sous les tropiques, et sont en général conformes aux lois que nous avons indiquées comme régissant ces phénomènes. Les insectes imités par les autres ont toujours une protection spéciale, qui les fait éviter comme dangereux ou immangeables par les petits animaux insectivores ; les uns ont un goût désagréable (analogue à celui des Héliconides) ; d’autres sont couverts d’une écaille si dure qu’ils ne peuvent être ni écrasés ni digérés ; d’autres encore sont très-alertes, armés de mandibules puissantes, et possèdent quelque sécrétion de mauvaise odeur. Quelques espèces d’Eumorphides et de Hispides, petits coléoptères plats ou hémisphériques répandant une sécrétion désagréable, sont copiés par d’autres, d’un groupe distinct de longicornes : notre Callichrôme musqué