Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
PROTECTRICES DES ANIMAUX.

Le Papilio Hector, d’un beau noir tacheté de cramoisi, très-commun aux Indes, est si bien imité par le Papilio Romulus, qu’on a pris ce dernier pour la femelle de l’autre. Un examen attentif prouve cependant que ces deux insectes sont essentiellement différents et appartiennent à des sections distinctes du genre. Le Papilio Antiphus et le Papilio Diphilus, deux papillons noirs, à queue fourchue, tachetés de fauve clair, sont imités par le Papilio Theseus de telle sorte que plusieurs écrivains les ont classés dans la même espèce. Le Papilio liris, indigène seulement dans l’île de Timor, est accompagné par le Papilio Œnomaüs, dont la femelle ressemble au premier à tel point qu’il est difficile de les distinguer dans une collection et tout à fait impossible lorsqu’ils volent. L’un des exemples les plus curieux est celui du Papilio cöon, tacheté de jaune, qui est contrefait à s’y méprendre par la forme caudée de la femelle du Papilio Memnon. Tous deux sont originaires de Sumatra ; mais, dans le nord des Indes, le Papilio cöon est remplacé par une autre espèce, le Papilio Doubledayi, dont les taches sont rouges au lieu d’être jaunes ; et dans le même district, on trouve une forme correspondante, caudée, de la femelle du Papilio Androgeus, qu’on a quelquefois considéré comme une variété du Papilio Memnon, et qui est marqué de rouge. M. Westwood a décrit de curieux sphinx diurnes (Epicopeia) de l’Inde septentrionale, dont les ailes et la couleur reproduisent celles des Papilio de cette section : deux d’entre eux sont de bonnes imitations du Papilio Polydorus et du