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ALBERT JOI.nkt 55 M. Albort Jounot, né à Marseille en janvier I8ê3, lit ses études au lycée de Marseillo, hors une année au collège Rollin de Paris. Attiré fort jeune par La religion, l'ésotérisme, les sciences psy- chiques, il n'a jamais abandonné celte préoccupation qui domine sou œuvre, où la littérature est toujours soumise, soit ft une afiir. matîon,soità une recherche doctrinales, (lapasse, sa 1815, d'un ésotérisme chrétien à un catholicisme ultra-libéral et très im- prégné encore d'ésotérisme. Sou osoTre poétique, p.ir.ill l'œuvre des symbolistes, s'en distingue par la prédominance du souci philosophique et religieux, la subordination du symbole à une doctrine systématisée. Par là, elle entrerail dans le sillage de Sully Prudhomme, avec la différence entre le lier, douloureux stoïcien do la Justice et du Bonheur el un croyant, a tend mystiques, occultistes et orientales. u Ce qui manque aux adroits rhétoriciens du vers, dit M. Vie- tor-Emile Michelet, c'est-à-dire l'ftme poétique, M. Jounet le possède... Sa généalogie d'artiste est facile à dresser, et pour- tant il apparaît comme armé d'une originalité solitaire. De ce mélancolique et somptueux bouquet de f.ys Noirs émane une impression de nouvelle beauté... Certaines pièces des Lys Noirs réalisent, avec un art d'une large profondeur, des paysages psy- chiques comme en ont montré quelques grands peintres... Parmi les poètes français du siècle, je ne c muais guère que Hugo et Baudelaire qui synthétisent un monde de sensations indéfinies en une brève formule avec un bonheur égal à celui de ce tercet : Tes angoisses, je sais qu'elles aiment les miennes Et, quand tu m'as tendu ton cœur mystérieux. Ton cœur morne était plein de mes douleurs anciennes. « Cet éclatant et triste sonnet (La Mort des Élus), ne dirait-on pas d'un de ces groupes d'où Hodin, le tout-puissant dompteur de la pierre, fait rayonner un ensemble d'aspirations vertigi- neuses, de nostalgies farouches et de douloureuse beauté? » « En lisant les vers de L'Étoile Sainte, des Lys Noir 1 ;, a écrit d'autre part M. Anatole Fiance, ou est pénétré d'une douceur mystique. M. Jounet, biblique et baudelairien, rappelle Lamar- tine par la fluidité, et Verlaine par certaines délicatesses d in- flexion... » M. Ad. Franck réclame pour Le Livre du Jugement l'attention que méritent les œuvres philosophiques de Pythagore et de Parménide. « Tout cela, écrit-il, est très beau, très original et très profond. C'est de la Kabbala, de l'Apocalypse et autre chose encore qui n'appartient qu'à ce poète. »