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184 ANTHOLOGIE DES POETES FRANÇAIS Sans songer au sort mauvais qui nous pousse, Et seuls dans la nuit où nos pas s’étonnent, Oublions le monde qui nous courrouce, Oublions la vie, une nuit si douce Veut que l’on oublie... oublions, mignonne. Fuyons dans la nuit, petite amoureuse, Ne sachant plus rien que notre tendresse, Et ne parlons pas ; mon âme peureuse Se blesserait de ta voix radieuse, Et le plus beau chant vaut-il nos caresses ? Le ciel est si noir, la nuit est si douce, La nuit est si douce et si oublieuse; La brise palpite et meurt sur la mousse... Sans songer au sort mauvais qui nous pousse, Fuyons dans la nuit, petite amoureuse! (L’Aube Juvénile.) NOUVEL AN C’est l’adieu muet de l’année Qui meurt dans la pluie et le vent... Les feuilles tournent lentement Sur les tombes abandonnées. Dans l’air moite rôde un parfum De mousse humide et d’immortelles Toutes celles qui furent belles Accueillent nos espoirs défunts. Toutes celles que nous aimâmes Nous font signe d’un doigt levé... Spectres que nous avons rêvés, Petits spectres, petites âmes! Faut-il regretter les étéa ? Et songer à d’autres batailles ? Il sort de ces pierres qui bâillent Un souffle froid d’éternité! Et la vie hésite et chancelle Au bord des dalles de granit,