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En 1885, à propos de l’Apothéose de Victor Hugo, Auguste Vitu signalait chez Paul Delair le sens épique. « Je reconnais, écrivait-il, en M. Paul Delair l’étoffe d’un poète épique, témoin les vers prononcés par le Gardien de la porte infernale, et que l’auteur des Contemplations n’aurait pas désavoués. »

« Il était né pour le théâtre, a écrit d’autre part Sully Prudhomme, qui a consacré à Paul Delair une longue étude en tête du Testament poétique, — c’est-à-dire avec le don de s’identifier sympathiquement à autrui… Nous touchons là au plus intime caractère, à l’essence même de son génie poétique… »

Dans la même étude, Sully Prudhomme apprécie ainsi Paul Delair :

« Il a laissé une œuvre considérable : des poésies lyriques, des pièces de théâtre en vers et en prose, des romans… Sans l’éclatant succès de la Mégère apprivoisée, plus d’un esprit, même cultivé, n’eût été toutefois que fort insuffisamment informé de sa valeur. Cette valeur est pourtant de premier ordre, de sorte que, même en faisant la part de sa modestie, de sa fière timidité, si peu favorables a l’exploitation de son talent, on se demande pourquoi il n’a pas obtenu de son vivant toute la réputation qu’il méritait. Il y a là un problème littéraire et social qui sollicite l’examen. Son œuvre si riche, si belle, si peu récompensée pourtant, m’a permis d’étudier de près et de reconnaître à des signes certains ce que c’est qu’un vrai poète, et m’a fait en même temps réfléchir aux conditions requises pour que notre art porte tous ses fruits. »

Nous avons cru devoir reproduire ci-dessous, parmi d’autres pièces, quelques-uns des problèmes philosophiques réunis par Sully Prudhomme dans le deuxième livre du Testament poétique de Paul Delair, quoique ces pièces n’aient pas toutes été amenées au même degré de fini. Nous ne doutons pas que des poèmes comme l’Atome, malgré certaines imperfections de forme, ne soient jugés de premier ordre par les esprits auxquels ils s’adressent.


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