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la part de leur auteur, et seules les Méthodes données au Mer» cure de France par M. Valéry demeurent pour renseigner sur ses intentions d’écrivain. » (paul Liîautaud.)

« M. Valéry, dit M. Paul Souehon, est le représentant d’un art d’exception, d’une poésie restreinte à une élite et à l’expression de beautés mystérieuses… Il est le joaillier des princes. Sa poésie restera comme un beau danger, attirant et souvent fatal, a

LA FILEUSE

Lilia… neque nent.

Assise la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline.
Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.

Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câline
Chevelure, u ses doigts si faibles évasive,
Elle songe, et sa tête petite s’incline…

Un arbuste et l’air pur font une source vive
Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses pertes de fleur le jardin de l’oisive.

Une tige où le vent vagabond se repose
Courbe le salut vain de sa grûce étoilée
Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.

Mais la dormeuse file une laine isolée,
Mystérieusement l’ombre frôle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.

, Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, et sans cesse, au fuseau doux, crédule
La chevelure ondule au gré de la caresse…

Tu es morte naïve au bord du crépuscule,
Fileuse de feuillage et de lumière ceinte.
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle
Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir. Tu es éteinte

Au bleu de la croisée où tu filais la laine.