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lois traditionnelles, mais évolué. C’est le vers libéré, mais demeuré aussi bien vertébré que l’alexandrin classique. Il y a surtout uue dernière libération que M. Normandy veut faire et pour laquelle il bataillo : l’élisiou de l’e muet à l’intérieur du vers. « Je prétends, en effet, nous écrit-il, que si, pour nos oreilles d’harmonistes, l’e muet est perceptible, sa présence n’allonge pas le vers, anatomiquement parlant, et qu’il y a de jolis effets à tirer de sa présence. » M. Georges Normandy est officier d’Académie.

FÉCAMP

SOUVENIR

Au-dessus de la mer, nos statures surgies
Erigeaient sur le ciel de grands gestes d’extase,
Et lu falaise blanche où les vagues s’écrasent
Répercutait l’hymne des soirs, au loin rugie.

La chanson d’un enfant vibrait en la valleuse,
La rumeur du travail montait de la cité,
Le sang de l’Astre enfui, par les flots reflété,
Dramatisait la tin d’une journée heureuse…

Avec les goélands nos rêves s’essorèrent.
Mon compagnon forgeait de bienheureux demains..
Moi, vers la ville calme, je tendais les mains,
Comme un enfant perdu qui reconnaît sa mère.

J’oubliais les noirs rocs croulant vers Senneville,
Les grottes où Flaubert heurta son front puissant,
Pour ne voir que la ville où vécut Maupassant :
Fécamp, ses trois clochers, — ma radieuse ville !…

O mon Fécamp ! C’est dans la paix de tes venelles,
Où l’airain du beffroi me laissait tout tremblant,
Que, petit, je joignis mes doigts frêles et blancs
Devant un mur très vieux doré de ravenelles…

… Je revois les jardins où ma petite enfance
S’ébattit parmi des sourires et des fleurs,
Et l’heure où mes yeux clos se remplissaient de pleurs :
L’humanité parlait à mon adolescence…