Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/517

Cette page n’a pas encore été corrigée


ÉTERNITÉ

FRAGMENT INTÉRIEUR

O nature, ai-je dit, ne me sens-tu frémir ?
Mon cœur qui s’ouvre à toi n’est plus qu’un offertoire,
Et l’enfant que j’ai la, dans mes bras pour dormir,
C’est son oblation que j’adresse à ta gloire.

C’est tout l’espoir humain qui gît a mon côté,
Et dans cet angle obscur du temple où tu m’exiles,
Je me confesse à toi de notre pureté,
Notre amour est pareil à tous tes évangiles…

Tout à l’heure, oh ! pardon, pardon qu’il m’en souvienne,
Quand l’enfant interdite à tes desseins trop vastes,
Succombait dans l’étreinte où ma chair la fit sienne,
J’ai vu prier la mort au fond de ses yeux chastes ;’
Oh ! dis-moi ton mystère, apprends-moi d’une extase,
Quel espoir occupait cette attente ravie
Dont n’a pu son amour m’imprégner une phrase,
Pourquoi ce vœu de mort dans ce frisson de vie ?

Oh ! dis-moi, ce conflit, ta suprême antithèse,
S’il résout mon angoisse en sa dualité,
N’est-il donc l’élément qui servit ta genèse,
Norme du rêve unique et de la vérité ?
Car pour qui l’ont connu seulement une fois,
D’une grâce touchés semblable à la folie,
Dans l’ordre impénétrable où s’échangent tes lois,
L’amour après l’amour n’est que mélancolie !
Et dès l’heure où, la chair exaltant sa croyance,
L’être à l’être enlacé s’est grisé d’un transport,
Comme pour passer outre à sa propre existence,
Tout rêve est un regard infini vers la mort…
Oh ! dis-moi — redis-moi, car je veux être apôtre —
Si toute la tristesse où vont sombrer nos vœux,
Hors ce sentiment-là, put naître un jour d’un autre
Que l’enfant n’a su dire avec tous ses aveux ?

O nature, permets que ton ciel clair m’enseigne !
Dis-moi par cette nuit qui fît mon cœur plus grand,